Quand le Breton des côtes se prépare à mourir, son âme impatiente et lassée de son corps brûle de devenir anaon et d’appareiller au large.
Une île, terre flottante, qui ne connaît qu’une fois la même vague, ne reste qu’un instant à l’aplomb de chaque étoile. Elle est beaucoup plus loin qu’on ne saurait le dire, et pourtant il suffit d’une seule marée pour la rejoindre. On ne peut pas mourir quand la mer monte au plein. Le dernier souffle est exhalé à mer étale et le reflux embarque l’âme dans la lourde écume de sa vague en retour.
- Peu m’importe, dit-il dans un soupir désintéressé, ma vie n’est que plainte et souffrance et mon cœur ainsi que mon âme sont captifs de l’étreinte de la peine. Ouvrez-moi encore, par pitié, la porte des songes, que je puisse m’échapper des damnations infernales qui me hantent et quitter à jamais cette vie sordide et puante. Montrez-moi une fois de plus où se dissimulent les passerelles qui mènent au rêve afin de m’y engager et y demeurer éternellement.
Quand la Mort frappe à la porte, tous les cœurs sont frappés d’effroi ; quand à la porte se présente la Mort, qui la Mort doit-elle emporter ?
Mon fils, ma fille, vous êtes couchés sur des lits de plume bien doux, et moi, votre père, et moi, votre mère, dans les flammes du purgatoire.
Vous reposez là mollement, les pauvres morts sont bien mal ; vous dormez là d’un doux sommeil, les pauvres morts sont dans la souffrance.
Un drap blanc et cinq planches, un bourrelet de paille sous la tête et cinq pieds de terre par-dessus, voilà les seuls biens de ce monde qu’on emporte au tombeau.
*
ANAON ( âme) , peuple des défunts ( trépassés) ou de l’autre Monde , qui traditionnellement , retournent sur les lieux où ils ont vécu , lors des
nuits sacrées , en particulier SAMHAIN , devenu chez les chrétiens la double fête des Saints et des Morts .
Anaon
An’ Tad ar Mab ar Spered-Glan,
Yec’hed mat deoc’h, tud an ti-mañ,
Yec’hed mat deoc’h war bouez hor penn
Deut omp d’ho lakaat er bedenn.
Pa sko ar Marv war an nor,
Stok er c’halonoù ar c’hren-mor;
Da doull an nor pa zeu ‘r marv,
Piv gant ar marv a yelo ?
Hogen, na vec’h ket souezhet
Da doull ho tor mard omp digoue’et :
Jezuz en deus hon degaset,
D’ho tihunañ mard oc’h kousket;
D’ho tihunañ, tud an ti-mañ,
D’ho tihunañ, bras ha bihan :
Mar ‘z eus, siwazh, truez er bed,
En an’ Doue ! hor sikouret
Breudeur, kerent ha mignoned,
En an’ Doue ! hor selaouet
En an’ Doue, pedet ! pedet !
Rak ar vugale na reont ket.
Gant ar re hon eus-ni maget,
Ed omp pell zo ankounac’haet
Gant ar re hon eus-ni karet,
Hep truez ez omp dilezet.
Ma mab, ma merc’h, c’hwi zo kousket
War ar pluñv dous ba blot-meurbet,
Ha me ho tad, ha me ho mamm,
Er purkator e-kreiz ar flamm.
C’hwi zo er gwele kousket aez,
An Anaon paour zo diaez,
C’hwi zo er gwele kousket mat
An anaon paour zo divat.
Enl liñser wenn ha pemp plankenn,
Un dorchenn blouz dindan ho penn,
Pemp troatad douar war c’horre,
Setu madoù ar bed er bez.
Ni zo en tan hag en anken
Tan dindanomp, tan war hor penn,
Ha tan war laez, ha tan d’an traoñ ;
Pedet evit an anaon !
Gwechall pa oamp e-barzh ar bed,
Ni boa kerent ha mignoned
Hogen bremañ, p’ed omp marvet
Kerent, mignoned, n’hon eus ket.
En an’ Doue, hor sikouret
Pedet ar Werc’hez benniget
Da skuilhañ ul lomm eus he laezh,
Ul lomm war an anaon kaezh.
Eus ho kwele prim dilammet,
War ho taoulin en em strinket,
Nemet koue’et e vec’h er c’hleñved,
Pe gant ar marv kent galvet.
*
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, bonne santé à vous, gens de
cette maison; bonne santé nous vous souhaitons : nous venons vous mettre en prière.
Quand la Mort frappe à la porte, tous les cœurs sont frappés d’effroi ;
quand à la porte se présente la Mort, qui la Mort doit-elle emporter ?
Mais, vous, ne soyez pas surpris si nous sommes venus à votre porte : c’est Jésus qui nous envoie pour vous éveiller, si vous dormez ;
Vous éveiller, gens de cette maison ; vous éveiller, grands et petits ; s’il
est encore, hélas ! de la pitié dans le monde, au nom de Dieu !
secourez-nous.
Frères, parents, amis, au nom de Dieu ! écoutez nous ! au nom de Dieu !
priez ! priez ! car les enfants, eux, ne prient pas.
Ceux que nous avons nourris nous ont depuis longtemps oubliés ; ceux que nous avons aimés nous ont sans pitié délaissés.
Mon fils, ma fille, vous êtes couchés sur des lits de plume bien doux, et
moi, votre père, et moi, votre mère, dans les flammes du purgatoire.
Vous reposez là mollement, les pauvres morts sont bien mal ; vous dormez là d’un doux sommeil, les pauvres morts sont dans la souffrance.
Un drap blanc et cinq planches, un bourrelet de paille sous la tête et cinq
pieds de terre par-dessus, voilà les seuls biens de ce monde qu’on emporte au tombeau.
Nous sommes dans le feu et l’angoisse ; feu sur nos têtes, feu sous nos
pieds, feu en haut et feu en bas ; priez pour les trépassés
Jadis, quand nous étions au monde, nous avions parents et amis; aujourd’hui, que nous sommes morts, nous n’avons plus de parents ni d’amis.
Au nom de Dieu ! secourez-nous ! Priez la Vierge bénie de répandre une
goutte de son lait, une seule goutte sur les pauvres trépassés.
Sautez vite hors de votre lit, jetez-vous sur vos deux genoux; à moins que vous ne soyez malades ou appelés déjà par la mort.
*
Source
Chanson extraite du “Barzhaz Breizh”, le premier grand recueil de chansons bretonnes, publié par Hersart de la Villemarqué (Kervarker en breton) en 1839
*
L’adieu aux bois dorés
De hautes et majestueuses tours blanches, telles d’incommensurables colonnes de glace scintillant de mille feux dans le bleu céleste veillaient sur les vastes et infinies étendues gelées. Le vide glacé s’étendait à perte de vue, courbé sous le poids d’un silence séculaire. Pourtant, dans ce néant neigeux, inspirant la plus profonde innocence, un faible murmure se souleva comme une plainte amère, et de ce fébrile souffle anodin jaillit sans attendre et avec impétuosité une suite assourdissante de vents puissants et de litanies stridentes, balayant orgueilleusement et avec violence toute la surface du manteau glacé maintenant noyé dans les brumes grises et étouffantes. Le monde fut alors pris de vertige et se fracassa de mille éclats dans un tourbillon de confusions où les sons, hystériques, s’entremêlèrent aux visions bouleversées dans un chaos indescriptible, faisant vaciller le corps minuscule d’Annuminor pris au piège dans cette tourmente irraisonnée, faisant perdre tout sens à la réalité. La dernière chose qu’Annuminor put apercevoir avant de s’effondrer de toute sa hauteur fut une faux disgracieuse et fantomatique happant l’air dans un mouvement lent et macabre juste au-dessus de lui. Annuminor se réveilla alors, transpirant de sueur dans son lit rudimentaire, les mains écrasant ses oreilles et hurlant à en perdre la voix. Ses yeux envahis des affres d’une peur humaine s’ouvrirent, étourdis et terne, pour apercevoir avec frayeur, que la chambre modeste qu’il avait loué était recouverte de givre. Il sortit sans attendre de l’auberge dans laquelle il avait pris asile pour une courte nuit et s’avança d’un pas pressé dans les ruelles tortueuses et pavées de la ville, enveloppé dans un ample manteau d’étoffe noire. Seul le bruit de ses pas résonnait dans la nuit silencieuse qui recouvrait le monde de ses longues ailes ténébreuses. Anuminor s’engagea alors dans une mince venelle sans lumière et au bout de quelques pas agités, s’arrêta face à une porte basse construite dans un solide bois de chêne, qu’il tambourina violemment de ses mains pourtant fatiguées. Un petit volet s’ouvrit promptement et se referma aussitôt. Puis, un bruit de serrure qu’on déverrouille se fit entendre et la porte s’entrouvrit faiblement. Un homme de faible mesure, malingre et aux yeux enfoncés l’accueillit avec médiocrité et lui montra la direction à prendre en levant l’une de ses mains décharnées, mais Anuminor n’en tint pas compte et se dirigeait déjà à vive allure vers l’arrière-pièce dans laquelle il avait déjà si souvent pénétré. “ Il m’en faut, encore, toujours, j’en ai grandement besoin…” La jeune dame qui se tenait derrière le comptoir sur lequel reposait presque autant de fioles et d’artefacts que dans les étalages situés derrière elle eut un regard de compassion sur le jeune homme au visage creusé par la fatigue qui se présentait à elle. “ Encore, répondit-elle, cela ne vous suffit-il pas? Désirez-vous encore vous jouer des périls qui vous guettent, la mort elle-même peut vous imposer rendez-vous, le savez-vous seulement ? - Peu m’importe, dit-il dans un soupir désintéressé, ma vie n’est que plainte et souffrance et mon cœur ainsi que mon âme sont captifs de l’étreinte de la peine. Ouvrez-moi encore, par pitié, la porte des songes, que je puisse m’échapper des damnations infernales qui me hantent et quitter à jamais cette vie sordide et puante. Montrez-moi une fois de plus où se dissimulent les passerelles qui mènent au rêve afin de m’y engager et y demeurer éternellement - Ce sont là bien des mots tourmentés par le désespoir et la désolation, rétorqua la dame tout en plongeant son regard pris de pitié dans les yeux éteints d’Annuminor, qu’il en soit donc selon votre volonté, ajouta-t-elle finalement dans un profond soupir, voici le breuvage que vous désirez si ardemment, la potion des Semences de Rêves, qui vous guidera jusqu’à la lisière des limbes de chimères ou peut-être au seuil des abysses glacés et funèbres de l’agonie. Mon dernier conseil sera celui de la modération, cher Annuminor, vous avez déjà emprunté de sombres chemins parmi les songes, et sachez que ceux-ci peuvent également les emprunter pour venir jusqu’à vous “. Annuminor se retira alors, et disparut, noyé dans l’aube d’une journée déjà bien animée… Le temps passa et la nuit tomba sur les turpitudes du monde gagnant en même temps le cœur meurtri d’Annuminor, à nouveau solitaire dans une chambre, écarté du monde. Cependant ses yeux brillèrent paradoxalement d’une intense lueur. Il tenait fiévreusement entre ses mains tremblantes la coupe remplie du breuvage incolore, le fixant d’un regard enflammé, immobile et imperturbable. Au bout d’un long moment, il se décida enfin à la porter à ses lèvres, mais au cours de ce même geste, un vent glacial soufflant de nulle part s’immisça de son chant funèbre dans la chambre jusqu’alors silencieuse et une faux à l’apparence fantomatique s’esquissa fugitivement dans le liquide pour disparaître aussitôt. “ Ce sera mon dernier rêve “, pensa Annuminor, d’un ton las. La flamme de la bougie éclairant de sa faible lueur la solitude d’Annuminor vacilla dans une dernière danse pour s’éteindre silencieusement. Dans l’obscurité ainsi apportée, les souvenirs enfouis sous une profonde De hautes et majestueuses tours blanches, telles d’incommensurables colonnes de glace scintillant de mille feux dans le bleu céleste veillaient sur les vastes et infinies étendues gelées. Le vide glacé s’étendait à perte de vue, courbé sous le poids d’un silence séculaire. Pourtant, dans ce néant neigeux, inspirant la plus profonde innocence, un faible murmure se souleva comme une plainte amère, et de ce fébrile souffle anodin jaillit sans attendre et avec impétuosité une suite assourdissante de vents puissants et de litanies stridentes, balayant orgueilleusement et avec violence toute la surface du manteau glacé maintenant noyé dans les brumes grises et étouffantes. Le monde fut alors pris de vertige et se fracassa de mille éclats dans un tourbillon de confusions où les sons, hystériques, s’entremêlèrent aux visions bouleversées dans un chaos indescriptible, faisant vaciller le corps minuscule d’Annuminor pris au piège dans cette tourmente irraisonnée, faisant perdre tout sens à la réalité. La dernière chose qu’Annuminor put apercevoir avant de s’effondrer de toute sa hauteur fut une faux disgracieuse et fantomatique happant l’air dans un mouvement lent et macabre juste au-dessus de lui. Annuminor se réveilla alors, transpirant de sueur dans son lit rudimentaire, les mains écrasant ses oreilles et hurlant à en perdre la voix. Ses yeux envahis des affres d’une peur humaine s’ouvrirent, étourdis et terne, pour apercevoir avec frayeur, que la chambre modeste qu’il avait loué était recouverte de givre. Il sortit sans attendre de l’auberge dans laquelle il avait pris asile pour une courte nuit et s’avança d’un pas pressé dans les ruelles tortueuses et pavées de la ville, enveloppé dans un ample manteau d’étoffe noire. Seul le bruit de ses pas résonnait dans la nuit silencieuse qui recouvrait le monde de ses longues ailes ténébreuses. Anuminor s’engagea alors dans une mince venelle sans lumière et au bout de quelques pas agités, s’arrêta face à une porte basse construite dans un solide bois de chêne, qu’il tambourina violemment de ses mains pourtant fatiguées. Un petit volet s’ouvrit promptement et se referma aussitôt. Puis, un bruit de serrure qu’on déverrouille se fit entendre et la porte s’entrouvrit faiblement. Un homme de faible mesure, malingre et aux yeux enfoncés l’accueillit avec médiocrité et lui montra la direction à prendre en levant l’une de ses mains décharnées, mais Anuminor n’en tint pas compte et se dirigeait déjà à vive allure vers l’arrière-pièce dans laquelle il avait déjà si souvent pénétré. “ Il m’en faut, encore, toujours, j’en ai grandement besoin… “ La jeune dame qui se tenait derrière le comptoir sur lequel reposait presque autant de fioles et d’artefacts que dans les étalages situés derrière elle eut un regard de compassion sur le jeune homme au visage creusé par la fatigue qui se présentait à elle. “ Encore, répondit-elle, cela ne vous suffit-il pas? Désirez-vous encore vous jouer des périls qui vous guettent, la mort elle-même peut vous imposer rendez-vous, le savez-vous seulement ? - Peu m’importe, dit-il dans un soupir désintéressé, ma vie n’est que plainte et souffrance et mon cœur ainsi que mon âme sont captifs de l’étreinte de la peine. Ouvrez-moi encore, par pitié, la porte des songes, que je puisse m’échapper des damnations infernales qui me hantent et quitter à jamais cette vie sordide et puante. Montrez-moi une fois de plus où se dissimulent les passerelles qui mènent au rêve afin de m’y engager et y demeurer éternellement - Ce sont là bien des mots tourmentés par le désespoir et la désolation, rétorqua la dame tout en plongeant son regard pris de pitié dans les yeux éteints d’Annuminor, qu’il en soit donc selon votre volonté, ajouta-t-elle finalement dans un profond soupir, voici le breuvage que vous désirez si ardemment, la potion des Semences de Rêves, qui vous guidera jusqu’à la lisière des limbes de chimères ou peut-être au seuil des abysses glacés et funèbres de l’agonie. Mon dernier conseil sera celui de la modération, cher Annuminor, vous avez déjà emprunté de sombres chemins parmi les songes, et sachez que ceux-ci peuvent également les emprunter pour venir jusqu’à vous “. Annuminor se retira alors, et disparut, noyé dans l’aube d’une journée déjà bien animée… Le temps passa et la nuit tomba sur les turpitudes du monde gagnant en même temps le cœur meurtri d’Annuminor, à nouveau solitaire dans une chambre, écarté du monde. Cependant ses yeux brillèrent paradoxalement d’une intense lueur. Il tenait fiévreusement entre ses mains tremblantes la coupe remplie du breuvage incolore, le fixant d’un regard enflammé, immobile et imperturbable. Au bout d’un long moment, il se décida enfin à la porter à ses lèvres, mais au cours de ce même geste, un vent glacial soufflant de nulle part s’immisça de son chant funèbre dans la chambre jusqu’alors silencieuse et une faux à l’apparence fantomatique s’esquissa fugitivement dans le liquide pour disparaître aussitôt. “ Ce sera mon dernier rêve “, pensa Annuminor, d’un ton las. La flamme de la bougie éclairant de sa faible lueur la solitude d’Annuminor vacilla dans une dernière danse pour s’éteindre silencieusement. Dans l’obscurité ainsi apportée, les souvenirs enfouis sous une profonde tristesse peuplèrent la mémoire d’Annuminor et l’animèrent d’une joie depuis longtemps oubliée, celle que lui inspirèrent le songe des bois dorés. Ainsi dans ses derniers moments se réveillèrent en son esprit la béatitude des promenades le long des sentiers joyeux, parsemés de fleurs multicolores, se dispersant à travers la multitude des arbres majestueux, les frondaisons subtilement animées de bruissements harmonieux par les vents doux et gracieux, le réconfort d’un repos bienfaiteur adossé contre l’écorce de solides troncs, porteurs privilégiés d’innombrables et merveilleuses feuilles d’argent reflétant la brillance du feu céleste… “ Oh ! Bois doré, terres enchantées, ode à la félicité, accueille moi de nouveau en ton sein, car désormais, toi seul peut raviver le tas détestable de cendres que je suis devenu, brûlé dans le brasier insoutenable du tourment qui m’habite et me dépérit, fais moi renaître de ma déliquescence tel le légendaire phénix, unique de son espèce, ou si tu persévères dans ton refus, laisse moi te faire mes humbles adieux, toi, rêve perdu dans les limbes brumeuses de mon esprit, espoir évanescent, fragilité… “. Et il but le breuvage, encerclé par le froid d’un rire mortuaire…tristesse peuplèrent la mémoire d’Annuminor et l’animèrent d’une joie depuis longtemps oubliée, celle que lui inspirèrent le songe des bois dorés. Ainsi dans ses derniers moments se réveillèrent en son esprit la béatitude des promenades le long des sentiers joyeux, parsemés de fleurs multicolores, se dispersant à travers la multitude des arbres majestueux, les frondaisons subtilement animées de bruissements harmonieux par les vents doux et gracieux, le réconfort d’un repos bienfaiteur adossé contre l’écorce de solides troncs, porteurs privilégiés d’innombrables et merveilleuses feuilles d’argent reflétant la brillance du feu céleste… “ Oh ! Bois doré, terres enchantées, ode à la félicité, accueille moi de nouveau en ton sein, car désormais, toi seul peut raviver le tas détestable de cendres que je suis devenu, brûlé dans le brasier insoutenable du tourment qui m’habite et me dépérit, fais moi renaître de ma déliquescence tel le légendaire phénix, unique de son espèce, ou si tu persévères dans ton refus, laisse moi te faire mes humbles adieux, toi, rêve perdu dans les limbes brumeuses de mon esprit, espoir évanescent, fragilité… “. Et il but le breuvage, encerclé par le froid d’un rire mortuaire…