C’est une rétrospective de l’œuvre gravé de Jean-Pierre Velly que Michèle Broutta a choisi de présenter avec un ensemble de 82 planches exécutées entre 1961 et 1980, à l’occasion de la parution du catalogue raisonné de l’œuvre gravé de l’artiste établi par Didier Bodart (Galleria Don Chisciotte éditeur, Rome, 1980). Pour la première fois à Paris, une galerie française exposera la totalité de l’œuvre gravé de cet artiste déjà réputé en Italie où il vit et travaille depuis 1970. Né à Audierne (France) en 1943, Jean- Pierre Velly a suivi les cours de l’ Ecole des Beaux-Arts de Toulon, ceux de l’Ecole des Arts appliqués et de l’EcoIe nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Premier grand prix de Rome de gravure en taille-douce en 1966, il fut pensionnaire de la Villa Médicis à Rome entre 1967 et 1970. En 1970, il obtint le Grand prix des envois de Rome au Petit Palais de Paris pour les gravures réalisées pendant son séjour à la Villa Médicis. Cette exposition permettra à tous de mieux suivre l’itinéraire de cet artiste, au sujet duquel Jean Leymarie a écrit (dans le catalogue de l’exposition à la galleria Don Chisciotte de Rome) : Velly débute essentiellement comme graveur et le catalogue établi de son œuvre entre 1961 et 1980 comprend une succession de 82 burins, et eaux-fortes qui saississent aussitôt par la rigueur archaïque de leur métier et de la tension apocalyptique et moderne de leur contenu». Mario Praz, en son introduction, les relie à leurs sources nordiques et germaniques, au courant de la tradition fantastique qui s’exaspère à la fin du Moyen Age et durant la crise maniériste. Ses planches, dont les exégètes auront à déchiffrer la syntaxe accumulative et la profusion symbolique ont pour thèmes les grotesques, les métamorphoses, les gouffres, les hybrides, les massacres, les cataclysmes, la monstrueuse asphyxie de la vie organique par la prolifération mécanique. Parfois, le corps ou le visage aimé de la femme assiste au cauchemar planétaire et en subissent les affres. La perfection artisanale du détail s’intègre au rythme grandiose de l’ensemble»...
«Le chemin de Velly (ajoute Alberto Moravia dans ce même catalogue), de Durer et Bosch à lui-même est aussi le chemin qui de l’invention des monstres et des catastrophes l’a conduit à la contemplation des fleurs et des plantes utilisées justement comme métaphores de ces monstres et de ces catastrophes. La même main qui autrefois avait mis au premier plan les horreurs du présent, arrête maintenant avec la même intention, l’humble vie végétale dans son devenir». Le catalogue de l’œuvre gravé, 1961- 1980, établi par Didier Bodart, préfacé par Mario Praz, 82 numéros, reproduit toutes les planches et donne des notices détaillées pour chacune d’elles.