« Le motif qui revient avec le plus d’insistance dans l’oeuvre de Jean-Pierre Velly est la nature vue après une catastrophe biblique (ou atomique) : un amas épouvantable et désordonné de personnages pris dans les attitudes et les gestes banals du quotidien, mêlés, d’une manière inattendue et absolument imprévisible, à des structures tordues, des engrenages mécaniques, à des objets et des instruments du quotidien le plus modeste et sordide, entassés et en voie de décomposition. Comme un monde convulsé, sur le point de vivre l’apocalypse. Ces images n’ont rien de didactique ni de moral, elles sont pour ainsi dire innocentes , évoquées comme par hasard, ou par jeu, ce qui rend encore plus cruel et sinistre leur signification prophétique. Dans ce jeu apparemment gratuit s’insèrent des éléments d’une actualité brûlante : des symboles et des métaphores du monde contemporain, de la condition de l’homme dans la société de consommation (son corps se putréfie avec les objets que cette société lui a imposé), l’idolâtrie de la voiture et de la vitesse, le génocide et la violence destructrice. Le même corps humain est vu comme une machine, abaissé au rang d’instrument mécanique, qui peut se monter et se démonter comme un moteur [.]

La culture figurative de Velly n’a rien d’archéologique, ni d’académique, elle est au contraire profondément enracinée dans les expériences les plus valides de l’art moderne : Dada, le Surréalisme, la simultanéité futuriste, mais aussi le cinéma.

Toutes ces indications ne doivent pas nous induire en erreur: ses oeuvres démontrent que les oeuvres toujours en pleine liberté et autonomie, se comprennent, comme une synthèse supérieure, des expériences variées de l’art ancien et moderne, les exaltant et les dépassant ».