Velly     François Houtin
 

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François Hautin, paysagiste-graveur
François Houtin est originaire de Craon, en Mayenne. Dans sa jeunesse en Haut-Anjou réside probablement la source première de son amour pour la nature, qui resta toutefois absente de ses créations jusqu’à son arrivée à Paris, en 1971. Devenu jardinier, décorateur floral, paysagiste avec Jacques Bédat et Franz Baechler, il a réalisé un jardin-labyrinthe, le jardin Plant Bessin, à Castillon, en Calvados, conçu comme une succession de petits jardins intimistes isolés les uns des autres par des haies, dont chacun pourrait se suffire à lui-même. Cette composition harmonieuse, conçue en étroite collaboration avec Colette et Hubert Sainte-Beuve, les propriétaires, est sa seule réalisation concrète. On mentionnera toutefois qu’il a également participé à un concours touchant la restauration du jardin des Tuileries, en 1991. Son projet tendait à créer une sorte de ville végétale reprenant des thèmes anciens, comme des bosquets de la Renaissance, dans une expression modernisée.
Cette formation a laissé une forte empreinte dans l’univers pictural de François Houtin, mais il a vite compris que sa voie était davantage dans la conception de jardins imaginaires, loin de toute contrainte matérielle, financière ou temporelle. Tout en travaillant, il s’initiait à la gravure grâce aux cours de la Ville de Paris qui lui ont permis de recevoir, au 80 boulevard du Montparnasse, l’enseignement de Jean Delpech, excellent pédagogue si l’on en juge par le talent de ses élèves (parmi lesquels on compte aussi Philippe Mohlitz et Erik Desmazières). Mais si Delpech l’a formé au point de vue de la technique, sa création est entièrement personnelle et dominée par son métier de paysagiste.
Il se consacre presque totalement à l’estampe depuis 1979 et a reçu les plus éminentes distinctions dans ce domaine, le prix Lacourière en 1981, le prix Florence Gould en 1986. François Houtin voit aujourd’hui, à mi-parcours de sa production artistique, paraître le catalogue raisonné de ses estampes. Son oeuvre gravé

s’élève à plus de trois cents pièces, pour la plupart de petits formats, adaptés à des feuilles quart de raisin ou quart de jésus. Il aime encore travailler le cuivre rond. Très fidèle à l’eau-forte, il pratique aussi la pointe sèche, qui permet, par une technique très simple et directe, un résultat immédiat et d’infinies possibilités de variation. Les deux techniques ne sont pour ainsi dire jamais mêlées dans son oeuvre, et l’ensemble ne compte aucun burin: cette technique trop froide ne convient pas à son tempérament.
Il est rare, il est unique de joindre à un métier de graveur une savante pratique des jardins. François Houtin est héritier de la tradition italienne (Tivoli, Boboli, Bomarzo...), mais aussi des traditions française et anglaise. Ses jardins sont des créations hybrides entre architecture et botanique, ils sont à la fois sauvages et organisées, pleines de pavillons extravagants, de fontaines bizarres, et remplies d’une végétation aux contorsions fantastiques. Ils font appel au vocabulaire ornemental de toutes époques, ne se réfèrent pas uniquement au passé mais aussi au futur. Sir Roy Strong*, qui n’hésite pas à citer à son propos Arcimboldo et Dalì, Monsu Desiderio et Ledoux, Jérôme Bosch et Schinkel, souligne justement le caractère hallucinatoire de ses compositions, sublimées par le noir et blanc aux valeurs infinies, qui est une autre vision colorée des choses. L’absence de toute image humaine en renforce le côté onirique.
“François Houtin est le graveur-jardinier, le dessinateur pépiniériste, le rêveur exigeant, le paysagiste, l’aquafortiste arboriculteur”, dit Gilbert Lascault, l’auteur qui écrit le mieux sur François Houtin - avec lequel il collabore souvent - dans son beau texte sur Le Bonheur des cabanes de jardinier.
C’est un technicien hors de pair. Sa création s’organise en cycles. Dans son oeuvre dessiné comme dans son oeuvre gravé il affectionne les suites, qui lui permettent d’exprimer, de façonner de multiples variations sur un même sujet sans avoir la frustration de se limiter à une seule proposition. La série est souvent engendrée par les esquisses de mise en forme d’un premier dessin. Elles sont en général de minuscules petits croquis sur les pages d’un carnet. Il n’est pas rare que plusieurs de ces notes rapides mais renfermant les données principales de l’oeuvre future soient exploitées dans une série. C’est étalement dans le temps d’une suite peut être très grand et les notes de départ devenir génératrices de nouvelles variations. Ce type de démarche est constant dans son travail, c’est pour lui un Jeu avec les formes et les idées. En 1978 il donne une première série sur les Jardins. C’est le début de ses rêves botaniques. Deux ans plus tard c’est son travail sur les Topiaires. La même année, en 1980, il donne les illustrations de La Fille de Rappaccini; cette oeuvre de Nathaniel Hawthorne qui a pour décor un jardin magnifique plein de fleurs étranges au parfum violent, livre édité par les Impénitents. En 1982, c’est l’album Cinq jardins, cinq sens, édité comme le suivant par Michèle Broutta. En 1985 ce sont les Fantaisies romaines à caractère votif, dédiées il Jean-Laurent Legeay, graveur et architecte français du XVIII’ siècle, qui fut pensionnaire de l’Académie de France à Rome, à qui l’on doit des suites visionnaires notamment sur les fontaines, qui aurait, dit-on, influencé Piranèse et eut Boullée pour élève. En 1999, Houtin publie les Cabanes de jardinier. Pour cette série il tire son inspiration des “folies”, pavillons ornementaux qui ont embelli les jardins européens depuis la Renaissance. Depuis 2001, il prépare la série Totem. Cette année 2002 a vu la parution de l’album des Nymphées, sortes de temples d’amour mystérieux et attirants. Graveur, il est également monotypiste. Le procédé lui plait parce qu’il permet de garder toute la spontanéité de l’inspiration. Il a réalisé une centaine de monotypes à ce jour, qui sont pour la plupart entre les mains de collectionneurs privés. Ses monotypes sont souvent rehaussés de lavis, notamment les deuxièmes épreuves. Il est aussi, nul ne s’en étonnera, un excellent dessinateur qui réalise d’extraordinaires carnets en accordéon (que certains spécialistes désignent sous le nom pittoresque de leporello), permettant toutes les combinaisons de motifs possibles. Il ne fait que rarement oeuvre de peintre. Sa Fantaisie romaine, décor de dix-huit mètres carrés peint à la tempera sur toile marouflée dans l’entrée d’un palazzo de la via Cassia antica à Rome, constitue une exception.
Houtin ne dédaigne pas de travailler sur l’éphémère, par exemple sur des décors de fêtes ou de vitrines, guirlandes de feuillages ou construction s savantes de racines enchevêtrées: on signalera ses superbes réalisations pour les vitrines de la maison Hermès, à la demande de Leila Menchari. Il élabore avec autant de ferveur un décor d’un jour ou un jardin de toujours. Il s’intéresse aussi à des créations plus précaires encore comme des cairns en galets voués à la destruction par le vent, la mer ou les torrents, dont seule la photographie ou la vidéo peuvent garder trace. Mais il sait bien, dans le tréfonds de son être, que seuls le papier et le cuivre lui permettent d’offrir au regard des végétaux immarcescibles, et que ce qui importe avant tout, c’est de pérenniser le rêve.

Laure Beaumont-Maillet
Conservateur général
Directeur du département des estampes et de la photographie Bibliothèque Nationale de France, Paris

* Roy Strong est l’auteur de nombreux ouvrages, tant scientifiques que de vulgarisation, sur des sujet aussi divers que l’histoire, l’art et l’horticulture. Il est particulièrement apprécié comme consultant paysagiste, conférencier, critique, journaliste et homme de média.
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François Houtin le 25 août 1950 à Craon en Mayenne; depuis 1971, il vit et travaille à Paris. Voici les oeuvres présentées au Panorama Museum puis une sélection d’estampes plus récentes.

Houtin est artiste jardinier, botaniste, paysagiste et graveur. Il est connu pour ses paysages féeriques peuplés de vases enrubannés, de lianes et de racines, de temples en mousse et de palais de courges et de pétales qu’il décline à la pointe sèche, à l’eau-forte et au lavis d’encre de Chine, autant d’ élucubrations végétales, architecturales et ornementales nées de son imagination fantaisiste et de son amour de la bizarrerie, de sa passion pour les topiaires et les labyrinthes de verdure, mais aussi de sa fascination pour les « créations » singulières des peintres et des graveurs du XVIIIème siècle ayant hanté les jardins de Rome pour en rapporter leurs paysages romantiques de ruines semés de tempietti, de folies et de tombeaux. Parti en Italie sur leurs traces, en 1985, il rapportera à son tour ses Fantaisies romaines. Fruits de longues promenades dans les jardins de la villa Adriana et de la villa Lante, les suites oniriques de Théâtres d’eau et de jardins de colonnes gravées à l’eau-forte lui vaudront, deux ans plus tard, la commande d’un décor peint à la tempera pour l’entrée d’un palazzo de la Via Cassia Antica à Rome.


Et puis il grave des arbres et des jardins extraordinaires, crée des paysages fantastiques, peint la nature et la recompose au gré de son imaginaire dans les savants registres de l’art des jardins.

Dans de somptueux lavis à l’encre de Chine peints sur grands rouleaux de toile ou sur papier, il fait le portrait d’arbres que la nature ou la fantaisie de l’artiste contraignent à des formes chimériques. Il y a de la géométrie, du théâtre, du mystère, de la féérie, dans l’art de Houtin où architecture et paysage se conjuguent. Héritier des plus grands paysagistes, ses œuvres interpellent notre mémoire : maniériste, baroque, utopique, classique, romantique, réaliste, fantastique ?


Les jardins désertés qu’il décline en noir et blanc (et depuis peu, en couleurs) évoquent immanquablement les paysages de ruines et autres fantaisies romaines meublées de fabriques à l’antique. Des jardins d’utopie ciselés avec une précision d’orfèvre, pouvant aussi évoquer quelques planches de botanique. Pourtant, quoi de commun entre les compositions romantiques des graveurs du Siècle des Lumières et des jardins imaginaires de François Houtin ? Si ce dernier avoue être fasciné par les extravagantes suites de vases et de tombeaux anthropomorphes gravés alors par Jean-Laurent Legeay ou par la singulière Mascarade à la grecque imaginée par Ennemond Petitot, les folies qu’il dessine ne sont pas faites de pierres mais d’un enchevêtrement de branches et de feuillage. Il n’a de cesse d’inventer les formes hybrides les plus alambiquées et ne forge que les plus fantasques métamorphoses.

Une féerie de topiaires et de jardins imaginaires célébrant l’étrange confusion du végétal et de l’architecture. Car, N’oublions pas que l’architecture est née de la forêt, de l’arbre et de ses ramures aime à rappeler François Houtin, qui avoue avoir fait de ses jardins le théâtre de ses chimères, une retraite pour méditer et rêver.

Né le 25 août 1950 à Craon en Mayenne, depuis 1971, il vit et travaille à Paris. Après avoir été jardinier-paysagiste chez Jacques Bédat et Franz Baechler au début des années 1970, François Houtin s’initie à la gravure à Paris auprès de Jean Delpech. Il montre ses premiers travaux à partir de 1977. Dès cette période, ceux-ci ont pour sujet les projets de décor, les plantes, les arbres, les vases, les Bougeoirs, les  Cabanes, les Fabriques, les Temples d’amour, les Ponts, les Nymphées, les Cœurs, les Brise-vent et les Totems, en somme, une nature rêvée — jardins fantastiques, topiaires, architectures végétales — où la parfaite connaissance des plantes est mise au service de l’imaginaire.

À côté de la gravure qui reste son mode d’expression privilégié, François Houtin réalise également des dessins sur carnets chinois leporellos et, depuis 2002, de très grands lavis à l’encre de chine sur papier ou sur toile. Le catalogue raisonné de l’œuvre gravé à été publié chez Michèle Broutta et Richard Armstrong (Chicago).


Utilisant les mêmes sources d’inspiration, François Houtin a réalisé pour Hermès le décor de plusieurs carrés et en 2010, un service de table en faïence, Les Maisons enchantées. Il a également peint des fresques murales, dont, toujours en 2010, le décor végétal monochrome du restaurant Artcurial au Rond-Point des Champs-Elysées à Paris. Il est abondamment représenté à la Bibliothèque Nationale à Paris, par le dépôt légal et complété par des achats de carnets de dessins, de monotypes, et de dessins préparatoires. François Houtin intervient à l’occasion comme architecte - paysagiste et à ce titre, a participé au projet de rénovation des jardins des Tuileries en 1990. Il réalise plusieurs jardins dont le jardin topiaire de Colette et Hubert Sainte-Beuve à Plant-Bessin en Normandie. Certaines de ses réalisations, enfin, relèvent du land art, qu’il s’agisse de constructions de grands cairns dans la nature ou de commandes publiques ou privées. Il a été en 1981 le récipiendaire du prix Lacourière, en 1986 du prix Florence Gould et en 2010 du grand prix de gravure de la fondation Taylor (prix Léon-Georges Baudry). François Houtin fait partie de la Société des peintres-graveurs français (depuis 1991) et du Comité national de la gravure française. Il compte une trentaine d’expositions personnelles et d’innombrables expositions collectives, participations aux foires, biennales et salons internationaux.

Houtin (assis) en compagnie de Georges Rubel (debout), 2012

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