Formé à l’Ecole des Arts appliqués puis aux Beaux-Arts de Paris, Premier Grand Prix de Rome de gravure en 1966, Jean Velly s’affirme à vingt-quatre ans l’un des graveurs les plus doués et les plus originaux de sa génération, dans un domaine qu’il estime propre à son art ; celui de l’imaginaire et du fantastique.
Jean Velly se voit décerner en juin 1966 le Premier Grand Prix de Rome de gravure. Cet artiste hors série, qui désormais travaille en Italie et qui a sous les yeux les paysages inspirés du Latium, est un visionnaire orienté vers le Nord. Ses estampes au burin, d’une science, énigmatique, d’une technique raffinée, révèlent sa filiation.
Sans doute décèle-t-on dans ses pages certaines similitudes avec l’écriture graphique de Marcantonio. Sans doute a-t-il mis à profit la leçon de Bresdin. Mais ses points de mire sont Dürer et Cranach, Altdorfer et Seghers. S’il invoque Jérome Bosch et Breughel, c’est que l’irréalisme de ces augures l’attire.
Le prix attribué à Velly par le jury de l’Ecole des Beaux-Arts, aréopage dont font partie d’office des membres de l’Institut, atteste l’évolution de l’académie de la rue Bonaparte. Il y a quelques années, un tel choix était inconcevable. En effet, Velly ne se borne pas à ressaisir le flambeau des vieux maîtres et à les imiter. Il adapte leurs données à des fins originales. Il crée son univers. Seul un clerc est capable de mettre au jour ses sources. Son dialogue avec l’Histoire de l’art porte le sceau d’un homme du XXè siècle. Ses changements de structure seront mis en parallèle avec ceux de Tanguy, de Georges De Chirico et d’Oscar Dominguez.
Velly élabore un espace onirique qui s’écarte de la norme. L’étendue est traitée, par ce graveur doublé d’un thaumaturge, comme une matière ductile. Les règles d’un art classique présume intangible, sont violées ou, du moins transgressées. Une réalité adéquate aux principes qui régissent le mécanisme de l’oeil fait place, dans ces mirages que sont les planches étranges de Jean Velly, a une perspective qualifiée de multiple. Chaque élément de la composition à sa propre perspective, et cette pluralité de prises de vue permet à l’artiste, ce rêveur éveillé, de traduire l’invisible par-delà le visible.
Jean Velly semble défier les lois de la nature. Ses formes végétales et ses formes mécaniques, ses formes anthropomorphes et ses formes minérales s’affrontent et s’enchevêtrent, se croisent et se confondent. Dans cet empire bizarre, fabriqué de toutes pièces, des rochers d’un style géométrique se muent en têtes monstrueuses. Des pièces détachées, assemblées d’une façon arbitraire, revêtent l’apparence des machines infernales ou des machines volantes. Des êtres humains qui sont des écorchés, des corps mangés aux vers, des marbres antiques, dont les entrailles sont faites d’engrenages, de cordages, de tuyaux, de bielles et de poulies, et des déesses de la fécondité, symboles de la terre-mère, animent un royaume issu de l’esprit chimérique d’un poète.
Les images de Velly et leur texture plastique ne peuvent être dissociées. Elles concourent à un effet d’ensemble et scellent ainsi l’unité intérieure d’une oeuvre qui échappe à la commune mesure.
W. G.
N.B. : on parle ici de Jean Velly (plutôt que de Jean-Pierre Velly); on ne sait pas pourquoi. Mais la chose plus curieuse encore est que la traduction italienne qui sert de présentation au catalogue Transart (Milan 1969) reprend cette “erreur”.
(riprodotto nel catalogo della Galleria Transart, Milano, 1969)
JEAN VELLY: Tra i giovani incisori, un visionario
Formatosi alla Scuola di arti applicate e in seguito alle Belle Arti di Parigi, primo premio per l’incisione al « Grand Prix de Rome » del 1966, Jean Velly si afferma a 24 anni come uno degli incisori più dotati e più originali della sua generazione in un campo che egli giudica proprio della sua arte: quello dell’immaginario e del fantastico.
Nel giugno del 1966, Jean Velly si vede assegnare il primo premio per l’incisione al « Grand Prix de Rome ». Questo artista fuori serie, che ormai lavora in Italia e che ha sotto gli occhi i paesaggi ispirati del Lazio, e un visionario orientato verso il Nord. Le sue incisioni al bulino di enigmatica sapienza, di una tecnica raffinata, rivelano la sua filiazione.
Si possono scoprire nelle sue pagine certe similitudini con la scrittura grafica di Marcantonio. Può aver messo a profitto la lezione di Bresdin. Ma i suoi modelli sono Dürer e Cranach, Altdorfer e Seghers. Se invoca Jérome Bosch e Breughel e perché l’irrealtà di questi auguri lo attira.
ll premio attribuito a Velly dalla giuria della Scuola di Belle Arti, areopago di cui fanno parte d’ufficio membri dell’« Istituto », attesta l’evoluzione dell’Accademia di rue Bonaparte. Qualche anno fa una scelta simile era inconcepibile. In effetti, Velly non si limita a ricevere la fiaccola degli antichi maestri e ad imitarli. Egli adatta il loro retaggio a fini originali. Crea un proprio universo. Solo un «chierico » è in grado di restituire alla luce le proprie origini. Il suo dialogo con la storia dell’arte porta il marchio di un uomo del XX secolo. I suoi mutamenti di struttura saranno messi in parallelo con quelli di Tanguy, di Giorgio De Chirico e di Oscar Dominguez.
Velly elabora uno spazio onirico che si allontana dalla norma. L’estensione e trattata da questo incisore il cui « doppio » è un taumaturgo, come una materia duttile. Le regole di un’arte classica, presunta intangibile, sono violate o almeno trasgredite. Una realtà adeguata ai principi che reggono il meccanismo dell’occhio fa posto, in questi miraggi che sono le strane tavole di Jean Velly, ad una prospettiva che ha la qualità della molteplicità.
Ogni elemento della composizione ha una prospettiva propria e questa pluralità di punti focali permette all’artista, questo sognatore dagli occhi ben aperti, di tradurre l’invisibile al di là del visibile.
Jean Velly sembra sfidare le leggi della natura. Le forme vegetali e quelle meccaniche, le forme antropomorfe e quelle minerali si affrontano e si aggrovigliano, si incrociano e si confondono. In questo impero bizzarro costruito con ogni sorta di elementi, rocce di uno stile geometrico si mutano in teste mostruose. Brandelli raggruppati in maniera arbitraria assumono l’aspetto di macchine infernali o di macchine volanti. Esseri umani, che sono scorticati, corpi rosi dai vermi, antichi marmi le cui interiora sono fatte di ingranaggi di cordami di tubi di bielle e di pulegge, e dee della fecondità, simboli della terra-madre, animano un regno sorto dallo spirito chimerico di un poeta.
Le immagini di Velly e il loro ordito plastico non possono essere dissociati, Esse concorrono ad un effetto d’assieme e marchiano così l’unita interiore di un’opera che sfugge alla misura comune.
Jerzy Waldemar Jarocinski, dit Waldemar-George, est un critique d'art né à Lodz (Pologne alors russe) en 1893, décédé en 1970.
Naturalisé français pour son engagement volontaire dans l'armée française en 1914, Waldemar-George s'installe à Paris après la guerre où il épouse Claude Lavalley, fille du peintre Louis Lavalley. Il fréquente assidument les cercles artistiques parisiens et devient critique d'art, homme de lettre, journaliste. Il est l'auteur de nombreuses monographies, mais aussi d'essais d'art qui révélèrent notamment de jeunes artistes slaves comme Chagall ou Soutine.
Sources: Wikipedia