Jean-Pierre Velly , dans Epoca , a. XXXV, n. 1749,
Milan, 13 avril 1984 (extraits), trad P.H.
« J’ai dit d’abord qu’il n’y avait rien de décadent, parce qu’il n’y rien de pourri ni de décomposé dans ses dessins. On croirait que son herbier vient à peine d’être cueilli, et l’oeil de Velly le regarde à chaque fois comme un adolescent face à la grande découverte des plantes de notre planète. Chaque plante vient, nécessairement, d’un lopin de terre de Dürer, comme on peut dire qu’un lapin est Dürer. Il s’ensuit donc que ce lapin n’est rien d’autre que la variante de ce thème. Mais les fleurs et l’herbier de Velly ne sont pas transparents comme les chefs-d’oeuvres de Dürer, mais faits de chair, d’une viande verte, pleine de filaments odorants, avec de l’eau à l’intérieur et des brins d’herbes que l’on aurait mastiqué des milliers de fois, en attendant toujours le moment où sa saveur amère particulière se déposerait dans notre bouche. Une sensation anthropophage naît au regard de ces aquarelles, que je mangerais une par une, lentement, en rejoignant un endroit lointain, une marche exténuante mais en compagnie extraordinaire des forces de la nature.
[...]Ses dessins suscitent en moi la même ferveur avec laquelle se regardent les scènes de la peinture dite sacrée, l’Annonciation, la nativité, la création. Stupeur et ferveur. Le monde est en train de fermenter mais ne court pas vers la catastrophe. Il a été arrêté un moment afin de pouvoir contempler une créature à peine née, et l’air qui est suspendu autour de cet événement est l’air qu’on respire quand on regarde la bravoure avec laquelle Jean-Pierre Velly a représenté ses plantes. »