Jean-Pierre Velly
notes biographiques
Nous remercions le prof. Appella, Mlle Catherine Velly,
la famille et les amis de l’artiste pour leur contribution
1943
Audierne, 14 septembre.
Naissance de Jean-Pierre Velly, fils de Jean-Marie Velly, gendarme maritime, et d’Adélaïde Donnart.
1945
Audierne, 21 juin.
Naissance de sa sœur Anne-Marie.
Novembre. Son père est transféré à Bizerte en Tunisie.
Le séjour durera quatre ans.
1948
Bizerte, septembre. Avec un an d’avance (il sait déjà lire et écrire) il entre à l’école élémentaire.
1949
Juillet. La famille rentre en France et s’installe à Cherbourg pour une durée de huit ans et demi.
Chaque été, les enfants passent leurs vacances chez leurs grands parents à Audierne.
1950
Audierne, 7 octobre. Naissance de sa sœur Thérèse.
1954
Cherbourg, septembre. Jean-Pierre Velly entre au Collège - Institut St. Paul, dirigé par les pères.
1957
Toulon, septembre. Il suit les cours au Lycée de La Rode. Tous les jeudis, jusqu’en 1959, il se rend au cours de l’École des Beaux-Arts.
« J’ai commencé à graver à quatorze ans à l’École des Beaux-arts et je me suis immédiatement rendu compte que la gravure était pour moi le meilleure façon de m’exprimer, que ce serait ma voie. Mais le choc le plus fort je le reçus quand pour la première fois à la Bibliothèque Nationale de Paris j’ai pu voir et toucher les planches du grand, de l’insurpassable et sublime Dürer. Ce fut la révélation de ma vie. Et depuis la gravure a été le cauchemar et le rêve de ma vie. La vision en noir et blanc est un fait entièrement mental : ça n’existe pas dans la nature, et dans le noir et blanc se déchaînent toute mon anxiété et ma soif d’expression artistique, sans suivre les modes, ni vouloir à tout prix essayer d’être contemporain. Je le suis déjà suffisamment en restant moi-même avec tout mon bagage d’images et de visions. »
Ses maîtres spirituels « …ont été Dürer, Rembrandt, Rodolphe Bresdin, le maître d’Odilon Redon, puis naturellement Redon, Blake et Böcklin, une certaine veine de la sécession Viennoise, enfin, chez les contemporains le de Chirico métaphysique, peut être l’artiste qui m’est le plus proche; alors que me sont étrangers Picasso, Matisse, l’École de Paris » (source Franco Simongini). On ajoutera Jérôme Bosch, Martin Schongauer, Peter Bruegel, Hercules Seghers, Jean Duvet, Goya, Friedrich...
Ses amis sont Michel Prioun, Pierre Agostini, Jean-François Olivi, Robert Pasquinelli, il fréquente Hansjorg Brunner, Alain Subi, Jaques Aspert, Georges Olivereau, Christian Vitalis, Gaston Secondi, Michel Dufresne. Michel Prioun qui se destine à la prêtrise lui présente l’Abbé Ducheyron, un religieux aux vues larges mais aussi peintre, qui marquera l’artiste durablement.
1959
Audierne, Hôtel de la Plage. 6-22 août.
Première exposition personnelle.
Il présente essentiellement des huiles sur toile: des paysages, des marines, des nus, des portraits.
Le Castellet, novembre-1er janvier.
Exposition collective avec ses camarades des Beaux-Arts de Toulon dans les salons d’un hôtel. L’initiative n’est pas du goût des enseignants.
1960
Toulon. Paris.
Il prépare et obtient le CAFAS en mai.
À Audierne, où il séjourne l’été, il réalise des croquis et des portraits à l’huile, parfois de grand format. Dans les environs de Toulon, à Ollioules, il peint en extérieur des paysages grandioses (falaises, grottes, gouffres, montagnes, arbres desséchés). Il s’essaie au pastel, à la sanguine, expérimente les diverses techniques de la taille-douce et réalise une lithographie.
1961
Il participe au concours pour l’obtention d’une bourse d’études destinée aux élèves du Lycée Technique des Arts appliqués à l’Industrie. L’École forme les étudiants au dessin industriel, au professorat, au design. Il est parmi les vainqueurs.
Il intègre l’Ecole dite Dupetit Thouard à Paris le 22 septembre.
En juillet, il remporte le prix de l’École des Beaux-Arts de Toulon : une bourse pour un voyage à Florence.
Il ne suivra les cours des Arts appliqués que pendant deux ans.
Il vit dans des conditions austères.
Sa première gravure cataloguée (n°3) date de cette époque : c’est le Paysage à l’arbre mort (Bodart 1) dont le tirage ne fut jamais effectué.
Cette planche a aujourd’hui disparu. Voir les premières gravures de l’artiste.
1963
Brest, 22 février. Son père meurt.
1964
Paris. Il vit dans des conditions difficiles. Sa peinture évolue. Pendant plusieurs mois, il travaille au tri postal la nuit avec Pierre Agostini. Le jour, il copie les maîtres anciens au Louvre (dont Poussin). Il quitte Paris fin juin pour la Bretagne; début octobre, il retourne à Toulon et prépare le Concours National de Gravure.
Première série de 6 gravures (de Main Crucifiée aux premiers Grotesques).
1965
Le Directeur de l’École des Beaux Arts de Toulon, Olive Tamari, lui met à disposition une pièce où il peut se consacrer à la gravure et à la préparation du “Concours National de Gravure” : le prix de Rome. Son professeur est Pierre Adriani.
Toulon, 12-22 mai.
Galerie Vanel, Jean-Pierre Velly. Première exposition personnelle dans une galerie.
Il expose un ensemble de dessins et gravures.
C’est l’année la plus fertile de sa carrière de graveur : en perspective du prix de Rome, il grave 19 planches afin de constituer un dossier.
(des Grotesques au Paysage d’Ollioules). voir ses gravure en détail
Marseille, juin. Il soutient l’examen écrit du concours national de gravure et est admissible.
Il repart le soir même pour Toulon.
Paris, 8 juillet.
Il est reçu premier, “major de France” avec 20 / 20 et mention Très Bien.
Paris.
À la rentrée scolaire, il suit les cours à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (Atelier Robert Cami).
Rencontre Rosa Estadella, se lie d’amitié avec Mordecai Moreh et François Lunven.
1966
Paris, hiver. Il grave jour et nuit Vieille Femme en vue de participer à la montée en loge du Prix de Rome (25 février – 8 juillet). Il grave Acrobate, Arbre et Sphère I; Tête flottante; le bas de l’échelle. Devenu logiste, il grave la Clef des Songes, dont les divers états sont tirés à l’atelier Moret.
Paris, 20 juillet. Il soutient l’épreuve orale devant un jury composé de vingt personnes dont des artistes et des professeurs de l’École de Beaux-Arts. Il reçoit les félicitations du jury. Avec l’œuvre la Clef des Songes, il remporte le Premier Grand Prix de Rome (gravure en taille-douce) et obtient la plus importante bourse et le séjour de la plus longue durée (40 mois) à la Villa Médicis, l’Académie de France à Rome, dirigée à l’époque par Balthus.
Le cuivre de la Clef des Songes, propriété de la Bibliothèque de l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, est aujourd’hui en dépôt à la Chalcographie du Musée du Louvre.
Audierne, automne.
Pendant les travaux de restauration de l’église de Saint-Raymond, un Christ en bois du XVIIIème siècle est retrouvé, mais malheureusement en mauvais état de conservation. Il accepte de le restaurer, refaisant, sans altérer le style de l’œuvre, les mains, les pieds et le socle.
Paris, 30 octobre.
Il épouse civilement Rosa Maria Estadella Garcia (1944 - 2001), originaire de Barcelone.
Rosa avait peu avant reçu le premier prix de gravure des élèves étrangers de l’atelier de gravure Lucien Coutaud à l’Ecole des Beaux-Arts.
Le mariage religieux aura lieu le 20 décembre à Barcelone, célébré par les cousins prêtres de Rosa.
Il aura de Rosa deux enfants, Arthur (1967) et Catherine (1977).
Il est bien décidé à profiter du séjour à la Villa pour travailler avec acharnement.
1967
Rome, 1er janvier. Il reçoit sa bourse d’étude de l’Académie de France à Rome, où il devient, à partir du 24 janvier, et pour une durée de quarante mois, pensionnaire de la Villa Médicis.
Les autres pensionnaires sont les peintres Gérard Barthélémy (décédé en 2004), Claude Guillemot, Jean Marc Lange, Roger Blaquière, Freddy Tiffou, les sculpteurs Louis Lutz, Philippe Thill, Maryse Voisin, Denis Mondineu et Jacqueline Georges Deyme (qui est l’épouse de J.Marc Lange), les musiciens Bernard Schoebel, Jean-Louis Girodet, les graveurs Brigitte Courme (décédée en 1982), Michel Viot, Guy Jean-Claude e Janine Boyer.
voir les prix de Rome sur Wikipedia
Il rencontre et se lie d’amitié avec Philippe Berthier qui lui dédicacera son livre sur Stendhal.
lire le texte de Leonardo Sciascia concernant ce livre et Corbière
Le nu féminin va être le sujet central de nombreuses planches, dont le modèle est souvent Rosa. Il grave Petite famille; Arbre et Sphère II; Gouffre vue intérieure; Maternité I & II, Mascarade pour un rire jaune (27 mars 1967), une allusion au poète Tristan Corbière, le Triptyque - Valse lente pour l’Anaon, la Maternité au chat.
5 novembre. Naissance de son fils Arthur.
1968
Berne, 4-30 janvier.
Galerie Anlikerkeller.
Ausstellung J.P. Velly.
Il expose un ensemble de gravures.
Il se rend à Berne pour l’exposition.
A son retour, Balthus met à sa disposition l’ancien atelier de San Gaetano, plus adapté aux nécessités de la gravure.
Il grave Rosa au Soleil, Trinità dei Monti, Eau de Cologne ma Joie, Rechute, Petit portrait de Rosa, Faux Carnaval.
Paris, avril.
Petit Palais:Villa Médicis 1968. Peinture. Sculpture. Architecture. Gravure.
Il expose avec d’autres pensionnaires (ce sont les Envois de Rome). Il remporte le premier prix des Envois de Rome.
Paris, 10-29 mai.
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
Biennale internationale de l’Estampe.
1969
Rome, janvier. À la Villa Médicis il rencontre le journaliste Domenico Petrocelli qui travaille pour le quotidien romain «Il Tempo» qui mène une enquête sur les académies étrangères en Italie. Ils deviennent rapidement amis, grâce à l’intérêt qu’il porte à son œuvre qu’il fera connaître à ses amis critiques, écrivains, artistes et collectionneurs comme Virgilio Guzzi, Fausto Gianfranceschi, Luigi Compagnone, Paolo Ricci, Michele Prisco, Domenico Rea, Luigi Incoronato, Mauro Masi et Lucio Migliarotti.
Il grave Femme allongée , Tas d’ordures, Senza Rumore I et II, Paysage aux autos, Le ciel et la mer.
Parait dans “Plaisir de France” un article élogieux sur son travail à la Villa Médicis par Waldemar George
Milan, 28 mai.
Galerie Transart
Jean-Pierre Velly Gravures : eaux-fortes, burins, pointes-sèches.
Première importante exposition de Velly. Sigfrido Amadeo,
propriétaire de la Galerie Transart à Milan, présente essentiellement
de la gravure européenne du XIXème siècle dont Goya. Lors d’un
séjour à Paris, il découvre à l’atelier Lacourrière-Frélaut des estampes
de Velly et d’un de ses camarades les plus chers, François Lunven
qui se suicidera l’âge de 29 ans.
L’exposition, plusieurs fois retardée à cause du catalogue,
fut un succès à la fois économique (une centaine de gravures
furent vendues) ainsi que critique (lire texte de Waldemar George).
voir le catalogue